–Et ce jour-là, on m'a passé une muselière.
C'est la première fois que je me suis sentie en sécurité, étrangement. Comme-ci, rien n'allait m'atteindre derrière ma cage et que, moi-même, je n'allais rien atteindre.
J'avais sûrement neuf ans.
Ma mémoire est plutôt trouble.
Et, à l'orphelinat, la dame qui s'occupait de nous, venait de découvrir ce que j'étais et elle a eu peur au début. Je crois. Elle m'a emmené dans le grenier dans la grande maison et m'a demandé de mettre la muselière du chien.
Je l'ai fais.
Et elle m'a laissé là pendant un temps. Elle m'emmenait à manger, à boire, et m'a offert un conte : La Belle et la Bête, des crayons de couleurs et des feuilles. Les choses ont été comme ça jusqu'à... Jusqu'à je ne sais plus... Mais j'avais bien grandis et cette femme m'avait fait cadeau de la muselière que j'ai encore aujourd'hui... On dirait de l'or, mais je ne pense pas que cela en soit, pourquoi est-ce que cela en serait.
Le lendemain j'étais dehors. Je ne me souvenais de rien. Rien du tout. Comme-ci, je n'étais personne.
Mais derrière ma muselière je me sentais soulagée. Au moins, je n'avais mangé personne.



Woof est décomplexée. Désinvolte et audacieuse. Elle vit à fond et essaye de voir du bon partout. Elle peut paraître légèrement hautaine parfois, sa confiance en elle débordante et son charisme jouent beaucoup.
Très peureuse sans sa muselière, elle garde la clé dans un coffre-fort où elle a mit le prix, ce coffre doit valoir plus que sa propre existence. Elle n'enlève la muselière que quand elle est seule dans son appartement, ne dort pas avec et donc, si elle n'est pas chez elle où avec des gens, elle ne mange pas et, même si ça peut paraître drôle, boit avec une paille.
Colérique, elle a le sang chaud et a du mal à gérer ses émotions. Hypersensible, un rien la bouleverse mais jamais elle ne laisserait quelqu'un voir ses larmes, son problème est dur à accepter pour quelqu'un qui veut donner une image de femme forte et indépendante à chaque seconde de sa vie.
Becky a une mémoire horrible, se souvenant très vaguement de son enfance et encore pire pour ce qu'il s'est passé avant son séjour à l’orphelinat, sa vie en Angleterre ne lui manque pas puisqu'elle ne s'en souvient pas vraiment, elle ne sais même pas si elle aimait ou détestait y être c'est pourquoi elle chérit le présent.  

Elle a maintenant vingt-quatre ans et est illustratrice, plus spécialement de livres d'images. L'art, elle adore ça, elle extériorise et se détend en dessinant, et puis, raconter des histoires à travers son coup de crayon, c'est tout ce dont elle a rêvé... Et même si Dédale, elle aurait préféré autre chose, elle aurait adoré autre chose, elle est reconnaissante d'être encore en vie.