Ennui dévorant ;
Tourner dans la pièce sans but précis ;
Rouler au sol sous le regard d’Altrois ;
Ils avaient tout juste terminé la dernière saison disponible de leur série du moment. Quel sentiment de vide envahissant. Que faire maintenant ? C’était toujours pareil après qu’ils aient fini quoi que ce soit. C’était comme si la vie n’avait plus aucun sens, pourrait-elle dire dramatiquement. Cocheta pouvait presque sentir le regard de son colocataire peser sur elle. « Je suis ridicule, je sais. Mais c’est fini. Comprends moi. » Elle mangeait ce popcorn qui était resté collé à son vulgaire pyjama peu ravissant, peut-être son geste avait dégoûté son colocataire. Très bonne question, très peu utile cependant. Ça n’était pas ça qui allait l’occuper bien longtemps. Un long soupir s’échappait de ses lèvres et finalement elle se relevait.
Elle n’a jamais su tenir en place ;
Rester tranquille, trop peu pour elle ;

C’était presque oppressant ;
Cette envie irrépressible de bouger ;
Il fallait sortir ;
Et puis soudain, la bonne idée ;
Cocheta, no. Un court message envoyé à son partenaire de crime, toujours là pour les quatre cents coups. A la sonnerie de son téléphone, ses traits se tiraient avec une expression de malice, une étincelle d’amusement brillait dans le fond de ses yeux. C’était toujours la même chanson, dès que sa tête était remplie de méfaits. C’était une journée comme toutes ces journées où elle était prête à ennuyer un peu le monde de part sa présence. Elle avait sorti son fameux sweater jaune, celui quand elle est d’humeur à faire ce qui lui chante, à jouer les cool kids dans les rues et ne pas craindre les autres. Du moins plus que d’habitude. Les mains dans les poches, un sac qui se balançait sur son épaule, fourré de mauvaises choses en tout genre. Cocheta, yes.
Ça ne faisait que commencer ;
La nuit est encore jeune après tout ;
Tout comme elle ;

Les mains sur les hanches ;
Ce sourire mesquin au coin des lèvres ;
Qui ne cessait de s’élargir à la vue de l’oiseau ;
C’était comme ça qu’elle le surnommait parfois, parce qu’il avait pattes rappelant ces créatures volantes, ses bras s’agitaient comme pour se faire remarquer de là où se trouvait Deneb. « Salut Den ! Pour ce soir je te proposerais de mettre un peu d’ambiance dans Chinatown. A notre manière.» Sa main désignait vaguement son sac rempli de biens en tout genre, de biens qui n’étaient là que pour semer le chaos et aider dans leurs méfaits. « Refaire quelques façades et "emprunter à long terme" ce qu’on peut trouver, ça t’intéresse ? »
Un peu d’anarchie ;
Rien de bien méchant ;

Toujours la même chose ;
Ça n’était pas la grande terreur du coin ;
Juste une adulte irresponsable ;
Eternellement coincée à dix huit ans dans sa tête ;
C’était simplement une adolescente dans un corps d’adulte, qui essayait de se sentir encore vivante. De profiter encore de sa jeunesse. Un léger mouvement de tête pour répondre à son partenaire de crime, comme pour dire non. « Normalement ça devrait aller. On ne devrait pas les croiser. » Non, ce soir c’était le soir pour se permettre n’importe quoi, pour ne pas faire les citoyens modèles. Pas ici, pas à Dedale. Cocheta laissait glisser son sac le long de son bras pour l’ouvrir sous les yeux de Monsieur l'oiseau, elle l’ouvrait doucement. Tout ce tas de camelote utile brillait sous la lumière des néons, donnait l’impression d’un trésor dont elle seule avait le secret. « Allez cette fois, c’est toi qui choisis par quoi commencer, il y a de quoi faire. » Libre à lui de plonger sa main dans cette cache qui contenait mille et une merveilles.
Ça semblait bien parti ;
Et n’était pas prêt de se terminer ;
Pas avant un moment.

Ils n’étaient pas prêts à faire des choses biens ;
Qui l’était ici d’ailleurs ;
À la vue des bombes de peintures, son sourire ne faisait que s’élargir. C’était pour ça qu’elle aimait bien Deneb, il avait des bonnes idées. Un cool kid comme on pourrait dire à l’école, il connaissait les bons bails. Ça c’était cool parce que chaque sorties étaient intéressantes, pas instructives mais qu’est-ce qu’ils rigolaient. Et là, tout se mettait en place pour encore rire de cette soirée qui se voudrait mémorable pour quelques personnes de Dédale.
Agréable surprise au réveil ;
Ou pour les oiseaux de nuit qui passeraient dans le coin ;

Un don pour l’art ;
Pas vraiment, juste de quoi s’exprimer ;
Cocheta rattrapait la bombe qu’il lui lançait avec cet air amusé. « Que d’honneur, merci bien. » Tous les murs du coins étaient fraîchement repeint ou encore vierges. Son sac à ses pieds, elle s’adonnait alors à ce plaisir malin qu’était tagguer les murs. Bons souvenirs de jeunesse, comme à chaque fois, elle se faisait reprendre par ses parents. Mais là il n’y avait plus personne pour la reprendre, personne pour dire qu’elle était fatigante. Le nez couvert, la peinture recouvrait le blanc immaculé du mur, donnant petit à petit un dessin qui ressemblait à quelque chose. Là ça n’était que du vandalisme, pas de l’art. Pas aujourd’hui. Une autre fois, peut-être. Elle reculait de quelques pas. Quel magnifique majeur fièrement dressé elle avait dessiné là et ces détails.
Bien contente de sa connerie ;
Méfait accompli.